« Je suis venu en touriste ». Eric Rousseau l’avoue sans honte, quand il s’est présenté la première fois devant le mur d’escalade du gymnase La Fontaine, ce n’était pas spécialement par engouement pour la discipline, c’était d’abord parce que son médecin lui avait conseillé.
Le Docteur Stanislas Ropert, l’oncologue qui le suit depuis la découverte de son cancer, pratique lui-même la grimpe. Et les statistiques sont formelles : le taux de rechute est moins important lorsqu’on maintient une activité physique régulière.
Programme GrimpeCare
Eric fera donc partie des tout premiers inscrits au programme GrimpeCare, des séances d’escalade mise en place l’année dernière par notre club pour les personnes en rémission de cancer.
Avec forcément un peu plus d’appréhensions que les autres débutants : « les traitements chimiques que nous subissons altèrent les sensations aux extrémités des membres. Je ne savais pas trop comment allaient réagir mes doigts au contact des prises, et mes orteils, quand ils seraient serrés dans les chaussons d’escalade » se souvient Eric. Plus globalement, il y a aussi la perte de confiance en soi, en ses capacités physiques.
Aujourd’hui, avec le recul , ce quinquagénaire au sourire communicatif trouve finalement que l’escalade est un sport idéal, « à la fois physique et mental, donc très complet » pour se remettre d’une telle épreuve. « C’est une excellente manière d’apprivoiser ces nouvelles sensations, comme les aveugles qui ont une ouïe plus développée ».
Chaque lundi après-midi, pendant des séances d’une heure trente, Eric et ses acolytes du programme GrimpeCare ont pu découvrir les principes de base de l’escalade, les manip’ de sécurité, puis les techniques de progression, avec comme mot d’ordre le plaisir de prendre de la hauteur. Lui qui n’avait jamais grimpé s’est vite senti à l’aise : « c’est un sport basé sur la confiance : en l’autre, en soi, dans le matériel. Un terreau parfait pour retrouver ses repères ! Dès les premières séances, on est rassurés, et on en a beaucoup besoin. Ça reste ludique, ce n’est pas élitiste, chaque micro-progrès, chaque exploit, aussi minime soit-il, est très valorisant ».
Pendant cette année marquée par les confinements à répétition, les séances GrimpeCare ont pu être maintenues grâce aux dérogations dont bénéficiaient les participants en rémission : « c’était un luxe de pouvoir pratiquer chaque semaine entre nous » reconnaît Eric
L’escalade, une école de la vie
Plus que quiconque, les personnes en rémission de cancer voient dans l’escalade beaucoup de parallèles avec les épreuves de la vie, et les façons de surmonter ses vicissitudes : « c’est un sport où tu tombes. Tu apprends que tomber n’est pas forcément dangereux, alors qu’on nous a répété l’inverse toute notre vie. Quand on apprend à chuter, c’est génial ! Après, le moment où tu tombes prend moins d’importance ».
Sans compter la dimension sociale et la solidarité que cette discipline développe entre les grimpeurs : « tu grimpes seul, mais tu n’es pas seul » rajoute Eric. « Il y a l’esprit de cordée. Nous partageons quelque chose en commun, un fil rouge nous relie. Petit à petit, on commence à se raconter nos histoires, on a tous envie de s’aider ».
A l’issue de cette première année de pratique, le bilan fait par Eric est donc largement positif : « au début, je me suis mis à l’escalade pour faire du bien à mon corps. Ensuite, c’est devenu un plaisir. Maintenant, je n’y vais plus du tout pour GrimpeCare. Une fois que tu as fait 7 ou 8 séances, tu sens ta progression, tu vois que tu franchies des paliers, et tu as juste envie de continuer ».
Et c’est bien là le message que souhaite faire passer ce nouvel adepte. « Ça vaut vraiment le coup d’essayer » conseille-t-il aux personnes qui, comme lui, se remettent d’un cancer et hésitent à franchir le cap : « quand tu traverses une chimio, c’est un sacré surpassement ! L’escalade, c’est une façon positive de se surpasser ».
Retrouver un article sur le programme GrimpeCare de l’Aspala sur le site de la FFME
























Cette sortie, encadrée par Thierry (initiateur alpinisme et ski-alpinisme de la FFME), réunissait Hélène, Nathalie, Johann et Sylvain. L’objectif initial était une découverte/initiation au ski de randonnée. Les conditions météo et nivologiques du moment ont transformé cette sortie en stage multiactivités hivernales ! Retour sur cette belle sortie d’hiver…
Le matériel de recherche est un triptyque composé d’un Détecteur de Victimes d’Avalanche (le fameux DVA – et non l’ARVA qui est une marque de DVA…), d’une sonde et d’une pelle. Un ou deux éléments sans les deux autres ne sert strictement à rien… en effet, imaginons que vous parveniez à détecter votre pote victime d’une avalanche avec votre DVA mais que vous ne disposiez pas de pelle dans votre sac… alors votre pote sous la neige sera bien content(e) que vous l’ayez trouvé mais moins content d’apprendre que vous ne pourrez pas le(a) dégager de la neige !
C’est pourquoi la première phase, c’est-à-dire la localisation de la victime avec le DVA puis la localisation précise avec la sonde, est cruciale et si importante. Il faut en effet prendre en compte le temps de pelletage qui n’est pas une mince affaire et qui peut durer longtemps si la victime est enfouie profondément ou si la neige est dure.
Durant cette première matinée nous avons donc multiplié les exercices de localisation en cachant les DVA sous la neige et en prenant bien soin de brouiller les pistes… C’est un exercice ludique qui permet de se rendre compte à quel point il faut l’entrainer pour le maitriser. Pour corser l’affaire, nous sommes passés d’une recherche mono victime à une recherche multi victimes. Mine de rien ça fatigue bien !
Ce préalable validé, nous décidons de retourner sur le domaine skiable de Pralo pour voir si le PIDA est terminé et aller se promener en montagne. Ouf !! C’est fini ! Même si les avalanches ont été déclenchées, le risque avalanche reste fort et nous décidons donc de randonner prudemment sur les pistes sécurisées. De toute façon, avec la fermeture des stations, le domaine skiable s’apparente à du « hors piste » et nous sommes bien seuls ce vendredi.
Nous partons pour atteindre le secteur des Barmettes en haut de la station. « Peaux de phoque » aux skis, nous débutons notre balade tranquillement. La randonnée à ski produit un effort assez similaire à la randonnée à pied. Il faut avoir un rythme régulier.
C’est quand même une belle journée de découverte, ou de redécouverte, pour Hélène, Nathalie, Johann et Sylvain.
Après avoir effectué quelques centaines de mètres de dénivelée nous décidons de redescendre pour profiter (enfin) de cette neige de rêve. Mais il faut d’abord « dépeauter » !
La descente est à la hauteur de nos espérances : magique ! Avec une neige bien profonde et légère… malheureusement trop rapide et en moins de 2 nous sommes déjà au pied de la station.
Maintenant nous devons décider du programme du lendemain. L’option de repartir en randonnée sur les pistes avec un risque avalanche qui n’a pas diminué n’est pas super enthousiasmante…
L’escalade en cascade de glace est très proche de l’escalade en falaise : il faut faire travailler au maximum ses pieds et ne pas trop serrer ses « pioches » pour éviter de se dauber les bras. Il faut donc essayer de parvenir à un maximum de fluidité et d’équilibre sans se crisper. Un autre principe essentiel est de ne pas (trop) buriner avec les piolets mais d’utiliser au maximum les aspérités de la glace pour effectuer des crochetages qui permettent de s’économiser.
Les premiers essais ne sont pas faciles… il faut trouver ses marques. Nos 4 glaciéristes en herbe trouvent vite le rythme et enchainent de belles ascensions.

Ce jour-là nous avons l’immense chance d’assister à l’entrainement des frères LADEVANT, Louna et Tristan de leur prénom. C’est-à-dire la crème de l’élite mondiale de la cascade de glace en compétition… Tout simplement impressionnant et beau à voir ! Louna Ladevant n’est rien moins que vainqueur de la coupe du monde et champion d’Europe 2020 de la discipline, à l’âge de 19 ans seulement… et son frère fait régulièrement des podiums au niveau international. D’une humilité aussi haute que leur palmarès, les deux champions sont hyper abordables et c’est sympathiquement que nous avons pu échanger avec eux.

C’est donc sur cette journée parfaite que nous terminons cette superbe sortie qui nous a fait un bien fou… avec une grande hâte de pouvoir revenir en montagne au plus vite !